Histoires
By:
  • Étienne Facély OULARÉ | Assistant projet Réintégration
  • Lucas CHANDELLIER | Chargé des Médias et de la Communication
L’obtention de ce diplôme n’est qu’une étape ! ©Lucas Chandellier - OIM Guinée 2024

N'Zérékoré, Guinée – Moize Condé, un jeune Guinéen d'une vingtaine d'années, a surmonté de nombreux obstacles qui auraient pu mettre un terme à ses ambitions. Originaire de N'Zérékoré, dans le sud du pays, son parcours est un témoignage vibrant de résilience et d’espoir. Il souligne également l’importance du soutien institutionnel pour la réintégration des migrants, que ce soit sur les plans économique, social ou psychosocial.

En 2022, Moize connaît une première grande déception alors qu'il rate son baccalauréat. « C’était la première fois que je vivais un échec scolaire », confie-t-il. Lassé des renvois pour non-paiement des frais de scolarité, il prend la décision de quitter la Guinée, avec l’espoir de bâtir un avenir meilleur à l’étranger. « J’ai vendu mon téléphone, un Samsung J6, pour quatre cent mille (400 000) francs guinéens (40 euros), puis j’ai pris la route pour l’Algérie via le Mali », raconte-t-il, avec l’ambition de poursuivre ses études au Canada. « Depuis Bamako, la capitale du Mali, je me suis dirigé vers l’Algérie en passant par Tombouctou, où j’ai passé quatre semaines avec d'autres migrants. Nous étions 36, entassés dans une Toyota Land-cruiser, en direction de l’Algérie. J’ai informé mes parents de mon départ. C’était le 31 décembre 2022. Mon objectif était de rejoindre le Canada pour étudier et échapper à la pauvreté. »

Cependant, le voyage vers le Maghreb tourne rapidement au cauchemar. Pendant la traversée du Sahara, le véhicule qui transporte Moize et les autres migrants se renverse brutalement. « Il était deux heures du matin, dans un froid glacial », se souvient-il. L’accident fait sept morts et plusieurs blessés, dont Moize. « C’est à six heures du matin que je repris connaissance, transi de froid », raconte-t-il. Gravement blessé, il subit une intervention chirurgicale : une tige métallique, fixée par quatorze vis, est posée pour stabiliser son fémur. Il passe ensuite trois mois dans un hôpital en Algérie pour se rétablir.

Les survivants sont ensuite évacués vers le Niger, où l’OIM prend en charge leur convalescence. Un long processus de soins débute pour traiter à la fois leurs blessures physiques et leurs traumatismes. Une fois stabilisés, ils sont transférés à Arlit, puis à Agadez, toujours sous l’assistance de l’OIM. Enfin, le 20 avril 2023, l’organisation coordonne leur retour volontaire en Guinée par avion, mettant ainsi fin à ce périple éprouvant.

De retour en Guinée, Moize est pris en charge par les équipes de l’OIM, qui organisent son hospitalisation à Conakry pour lui retirer la broche de son fémur, achevant ainsi ses soins. Une fois rétabli, il décide de retourner à N’Zérékoré pour intégrer un programme de réintégration socioéconomique. « Grâce à l’OIM, j’ai reçu des kits scolaires, un ordinateur portable, et mes frais de scolarité ont été entièrement couverts », témoigne-t-il avec gratitude. Ce soutien essentiel lui permet de reprendre ses études en Sciences Sociales, un rêve brutalement interrompu. Inscrit au Groupe scolaire privé Ramatoulaye Kéita, Moize suit son parcours sans encombre, encouragé par les agents de l’OIM, qui veillent à son bien-être et l’incitent à persévérer malgré les difficultés rencontrées.

En 2024, après des mois de travail acharné, Moize décroche enfin son baccalauréat. « L’obtention de ce diplôme n’est qu’une étape. Je souhaite désormais poursuivre des études en sociologie ou en développement communautaire », déclare-t-il, plein de projets pour l'avenir.

Aujourd’hui, Moize souhaite encourager les jeunes migrants de retour, comme lui. « L’éducation est une base solide pour construire son avenir », dit-il avec conviction. Après un parcours semé d’embûches, il ajoute : « Grâce à l’OIM, j’ai pu reprendre ma vie en main et regarder vers l’avenir avec plus de sérénité ». Son expérience montre aux jeunes que, même face aux épreuves, de nouvelles possibilités peuvent toujours émerger.

Lancé en 2022 et financé par l'Union européenne, le Programme de Protection, de Retour et de Réintégration des Migrants en Afrique subsaharienne (MPRR-SSA) est un projet ambitieux qui vise à répondre aux besoins des migrants vulnérables en Afrique subsaharienne. Ce programme, qui succède à l'Initiative Conjointe UE-OIM, se concentre principalement sur la protection des migrants en transit et leur réintégration durable dans leurs pays d'origine. Il propose un accompagnement holistique, en offrant à la fois une aide au retour volontaire assisté et un soutien à la réinsertion sociale, économique et psychosociale. L'un des objectifs majeurs de ce programme est également d'informer les migrants potentiels pour qu'ils puissent prendre des décisions éclairées sur leurs projets migratoires.

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 3 - BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
SDG 4 - ÉDUCATION DE QUALITÉ