Korotoum, pagnes colorés et résilience à N'Zérékoré

Un sourire discret sur son visage, Korotoum Camara, une jeune femme timide et déterminée, se fraie un chemin à travers les rues animées et le grand marché de N'Zérékoré, en Guinée Forestière. Portant son bébé sur le dos et une pile de pagnes africains en wax colorés sur la tête, Korotoum est une vendeuse ambulante qui a retrouvé sa voie grâce à l’appui de l’OIM à travers l'initiative conjointe UE-OIM.

Korotoum a connu des moments difficiles. Son mariage a été célébré sans la présence de son mari, qui avait émigré au Mali après la perte tragique de ses deux parents. Ne parvenant pas à joindre les deux bouts, il a vendu le peu de biens que son père avait laissé pour financer son voyage. En 2018, Korotoum, lasse de sa vie de solitude, décide de le rejoindre pour tenter leur chance à l'étranger. Du Mali, ils partent pour l’Algérie.

Leur séjour en Algérie, qui a duré trois ans, a été marqué par de nombreuses épreuves et défis. Ils ont perdu tout leur argent en cours de route, soit environ 3 000 000 de francs CFA (environ 4500€). Korotoum se souvient : « En quittant le Mali, sur la route de l'Algérie, nous avons perdu tout l'argent que nous avions, ça a été très dur, nous n’avions plus rien, dans un pays où on ne connaissait personne. » Elle est restée au foyer sans travail, donnant naissance à leur enfant sur cette terre étrangère.

Lorsqu'ils ont été rapatriés par les autorités algériennes, Korotoum et sa famille ont rencontré l'OIM à Assamaka, au Niger. L'organisation les a pris en charge et les a aidés à retourner en Guinée. Grâce à l'assistance de l'OIM, Korotoum a pu éviter la honte et la stigmatisation qui auraient pu accompagner leur retour sans rien à montrer pour leur périple. Elle confie : « En revenant ici, mon mari ne voulait pas que nous soyons la risée de la famille et des amis parce que nous n'avions rien ramené de notre aventure. L'assistance de l'OIM nous a permis d'éviter cela. »

Avec le soutien du projet, Korotoum a reçu une aide à la réintégration afin de démarrer son commerce de vêtements. Son mari, de son côté, lui aussi bénéficiaire de l’OIM, a fait l’acquisition d’une moto pour, comme il le dit, « se débrouiller et subvenir aux besoins de la famille. » Quant à Korotoum, elle a choisi de se lancer dans la vente de vêtements car elle aime le commerce et comprend qu'il faut travailler dur pour gagner sa vie. Elle explique : « J'aime cela parce que je suis consciente qu'en restant assise à ne rien faire, je ne peux rien gagner. Alors que quand je me débrouille, je peux gagner un peu et les gens m'apprécient pour ce que je fais. »

Aujourd'hui, Korotoum parcourt les marchés et les quartiers de la ville avec son panier de vêtements, séduisant progressivement une clientèle fidèle. Elle partage avec espoir : « Petit à petit, je gagne des clients dans ces lieux. » Son ambition aujourd’hui est de dénicher un local pour créer sa propre boutique, permettant ainsi de poursuivre l'expansion de son commerce sans avoir à trop se déplacer. Elle déclare : « Aujourd'hui, mon objectif est donc de trouver une place pour ouvrir une boutique. Je pourrais ainsi continuer à développer mon activité avec moins de difficultés. »

L'histoire de Korotoum offre un exemple encourageant pour ceux qui traversent des épreuves similaires et cherchent à donner une nouvelle direction à leur vie. Avec persévérance et le soutien apporté par le projet, Korotoum a pu renouer avec la confiance en soi et cultiver l'espoir d'un avenir plus prometteur pour elle et sa famille.

Lancée en décembre 2016 et financée par le Fonds fiduciaire d'urgence de l'UE pour l'Afrique, l'Initiative Conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants vise principalement à améliorer la protection des migrants, fournir une assistance directe, soutenir le retour volontaire assisté des migrants bloqués le long des routes migratoires, appuyer le processus de réintégration des migrants de retour avec une approche intégrée, et permettre aux migrants et aux migrants potentiels de prendre des décisions éclairées concernant leur parcours migratoire.