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Qui sommes nous
Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir depuis 1951 une migration humaine et ordonnée qui profite à tous, composée de 175 Etats membres et présente dans plus de 100 pays. Présente en Guinée depuis 2000.
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OIM Global
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Notre travail
Notre travailEn tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut depuis 1951 une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
CE QUE NOUS FAISONS
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PRIORITÉS TRANSVERSALES
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Boola, Guinée - Boola est une petite ville de 22 000 habitants située à 80km kilomètre de N’Zérékoré au sud-est de la Guinée à une centaine de kilomètre de la Côte d’Ivoire. Ville de passage, Boola est une bourgade commerçante, connue pour son marché hebdomadaire, le commerce de la banane et son marché à bestiaux.
C’est aussi là qu’est né Kafoumba Keita, le benjamin de quatre enfants, avant qu’avec ses parents il parte s’installer à N’Zérékoré. Il a 4 ans. Sa famille déménage ensuite en Côte d’Ivoire où ils resteront jusqu’à ce que la crise politique qui frappe le pays entre 2010 et 2011 incite son père à faire revenir la famille en Guinée. Kafoumba est alors adolescent, il va apprendre la couture à N’Zérékoré et à Boola où vit sa grand-mère.
« Je suis ensuite reparti en Côte d’Ivoire pour chercher un emploi à Abidjan, j’avais envie de voir du pays et de voyager. En Côte d’Ivoire, je travaillais pour un patron mais je me débrouillais bien. » Kafoumba apprend auprès de maitres tailleurs et parfait son style, les affaires vont bien, il possède trois machines à coudre. En 2016, par mimétisme, pour faire comme ses amis dont certains sont déjà arrivés en Espagne et en Italie, Kafoumba vend ses machines et décide de partir pour l’Europe. « Moi aussi je voulais voir l’Europe ». Son voyage commence par le Burkina-Faso, le Mali puis l’Algérie où il passera plus d’un an. Pourtant là, il ne peut exercer la couture « En Algérie la couture traditionnelle de chez nous, ça ne fonctionne pas, j’ai dû trouver autre chose donc je faisais de la maçonnerie là-bas, j’ai fait ça environ un an, avant de poursuivre ma route pour la Libye ».
« Ma spécialité ? C’est la couture homme et dame, je fais les deux et ça marche très bien. Surtout auprès des jeunes ici à Boola. Ils aiment ma façon de faire la couture. »
Arrivé en Libye, le voyage se complique, il se retrouve enfermé à Zabrata, passe un mois là-bas avant d’être conduit à Zouara puis Grian et enfin Tripoli, c’est là qu’il sera identifié par les équipes de l’OIM. Passé la déception de ne pouvoir poursuivre son voyage, Kafoumba et finalement soulagé de pouvoir rentrer chez lui en Guinée. Encore aujourd’hui il évoque avec amertume les sévices et mauvais traitement qu’il a subi durant son séjour, la faim, le désespoir, … mais surtout la faim et l’état d’extrême maigreur dans lequel il était quand il a finalement regagné sa région natale en Guinée.
À son retour, il est d’abord associé à d’autres migrants, une quinzaine de bénéficiaires avec lesquels ils doivent démarrer un projet collectif pour la commercialisation de l’huile de palme. Kafoumba met alors en avant ses compétences de tailleur et exprime le souhait d’être réintégré à travers un projet individuel.
Il choisit de revenir dans sa ville natale où vit toujours sa grand-mère et où il a appris la couture auprès de son vieux maître. Il revient travailler auprès de lui en attendant le financement de son projet de réintégration. Il bénéficie aussi de ses conseils de ses encouragements, une aide précieuse qui contribuera à son épanouissement.
« Quand j’étais au Maghreb j’ai fait plus de 3 ans sans travailler. Donc à mon retour, mon maître m’a acheté 2 pagnes et pour me tester m’a demandé de les coudre. Entre temps je m’étais perfectionné à Abidjan donc quand j’ai eu fini de coudre, il était très impressionné. Et moi je n’avais pas tellement perdu la main. »
Son maître montre le résultat aux autres apprentis : « Regardez voilà ce que vient de tailler Kafoumba alors qu’il a passé plus de 3 ans sans voir une machine ! »
En parallèle de son emploi chez son ancien maître, Kafoumba montre son projet de réintégration avec son conseiller de l’OIM, il dresse la liste de ses besoins et trouve lui-même l’emplacement de son futur atelier qui est situé non loin de la rue principale de Boola, à deux pas du marché. Le budget alloué à sa réintégration permet la location du lieu pour une année, l’achat de deux machines à coudre et de divers matériels.
« Ma spécialité ? C’est la couture homme et dame, je fais les deux et ça marche très bien. Surtout auprès des jeunes ici à Boola. Ils aiment ma façon de faire la couture. »
Kafoumba a apporté un style très urbain et moderne qui plait aux jeunes de Boola quand les tailleurs locaux proposent des modèles plus traditionnels. Il tient son originalité et son savoir-faire de son passage en Côte d’Ivoire, pays réputé en Afrique de l’Ouest pour sa mode vestimentaire. Aujourd’hui il continue de proposer des modèles toujours à la pointe de la mode. Ses amis tailleurs d’Abidjan lui partagent les dernières tendances de la capitale ivoirienne à travers les réseaux sociaux.
Quand on interroge Kafoumba sur sa clientèle, son visage s’illumine. « Ceux sont des jeunes, des jeunes filles, et des grandes dames ! Elles aiment ma façon de travailler. Et d’ailleurs je préfère coudre pour les femmes. Quand un homme commande un complet, on peut ne plus le revoir pendant un an, alors qu’avec les femmes c’est très régulier. Elles viennent coudre des tenues pour les cérémonies, mariage, baptême, fêtes religieuses, il y a toujours une occasion pour être belle ! »
Aujourd’hui Kafoumba vit avec sa grand-mère et l’aide sur le plan financier. Il envoie également de l’argent au reste de sa famille restée à N’Zérékoré. D’autre part il économise pour acheter du matériel.
Dans son désir d’extension Kafoumba a récemment décider de réimplanter son atelier à N’Zérékoré près de la grande mosquée. La petite ville de Boola était devenue trop petite pour ses rêves de grandeur. C’est aujourd’hui un maître réputé et les parents viennent régulièrement lui confier leur enfant en apprentissage. Il a désormais 13 apprentis et deux employés. Les gens connaissent son histoire, celle d’un jeune tailleur passé par Abidjan qui a connu la migration irrégulière et la prison en Libye et qui aujourd’hui apporte un peu de mode Abidjanaise à la jeunesse élégante de Guinée.